Dernier titre du philosophe Michel Serres qui nous a fait une visite hier autour d’un café rencontre.
L’adversaire de cette guerre n’est autre que le vaisseau sur lequel nous sommes embarqués, vainqueurs ou vaincus nous risquons tous de couler ou disparaitre. Notre rapport au monde est de l’ordre de la stratégie guerrière, M Serres nous a rappelé que cela faisait 65 ans que l’Europe occidentale était en paix, sauf actions de gendarmes sur les pays contrevenants. « La paix c’est l’oubli de la paix, la guerre c’est la mémoire », « vous êtes vous posés la question en traversant la rue principale de votre ville, sur le fait d’être en paix… ». La guerre est une institution de droit, c’est une affaire juridique qui donne des règles, on signe des traités, le droit c’est ce qui limite la violence. « si nous tous dans cette salle, on nous enfermait pendant plusieurs jours, on finirait par s’entretuer… », comme dans le roman d’A Christie ou sur une île des personnes se retrouvent bloquées : il n’y a pas eu de survivants…C’est la signification du déluge dans la bible, par la montée de violence, l’espèce s’est éradiquée elle-même. Le vrai sujet actuellement c’est que nous sommes en guerre contre le monde avec les problèmes cruciaux d’environnement, le concept de guerre est en train de changer. Blaise Pascal a parlé de bateau sur lequel nous sommes embarqués, que l’on ne pourra jamais quitter…
« Mon livre est comme un pari, une utopie, plus on sera en danger par rapport à notre planète, plus nous prendrons des décisions pour en maintenir la paix. ».F Hegel nous avait laissé ce questionnement dans la lutte entre le maître et l’esclave, qui va gagner ? Goya rajoute dans son tableau de 2 hommes en lutte, le 3ème élément qui sont les sables mouvants dans lesquels les hommes vont s’enliser. Le véritable enjeu est un jeu à 3, c’est la planète qui va gagner contre l’espèce. Il faut faire la paix avec le monde pour la faire en nous, pour qu’elle devienne une paix perpétuelle. Nous savons décrire la crue de la violence mais pas la décrue, ce qui peut arrêter le spectacle de la guerre c’est la conscience du danger qui nous menace à tous. Le droit c’est une solution à la violence, car nous portons tous en nous la graine de la violence, le droit se pose en arbitrage, il faut instituer un tribunal contre crimes contre la planète…
Cela n’a rien d’une utopie, un humaniste nous propose de légiférer comme unique solution…contre notre propre violence