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23 mars 2010 2 23 /03 /mars /2010 10:42

Et c’est un ravissement de les voir, les entendre nous parler d’une Joie, dont le paradoxe est qu'elle se déploie malgré le monde, et est inexplicable en surgissant à l’improviste. La Joie est folle sans aucun sens car le monde n’a rien de réjouissant dans toutes ses atrocités. Alors que la tristesse bien que plus cohérente, fidèle au monde a l’inconvénient de redoubler la douleur, nous faire avoir 2x plus de regrets dit Spinoza, elle dissimule la cause profonde et suppose d’attendre que le monde soit joyeux. Le problème de la Joie est qu’on ne se l’autorise pas face aux malheurs du monde, ce qui demande à distinguer la Joie du Bonheur, qui est en fait la suspension de la douleur. Et pourtant Clément Rosset : la Joie se déploie en dépit des conditions extérieures comme un détachement dans une conscience aigüe, Primo Lévi « pourquoi » s’interrogeant sur Auschwitz, le goulag. La Joie est le remède à la tentation de l’absolutisme, du mal absolu, Hannah Arendt parle de banalisation du mal. Etty Hillesum dans son journal témoignage « une vie bouleversée » parle d’une Joie contre tout, Primo Lévi  « se permettre d’être malheureux comme des hom0314134205DVB-TARTE.jpgmes libres… » dans ces espaces d’enfers ou on empêche l’homme de toute relation avec l’autre, Lytta Busset « Joie imprenable » au fin fond des enfers la Joie est possible. La Joie n’a pas besoin de témoigner d’elle-même, elle est abstraite, soustraite des causes comme un sentiment de plénitude sans causes apparentes. D’où le malentendu du dolorisme, F Nietzsche « Par delà le bien et le mal », les obstacles à la Joie sont la durée  et l’autre qui la met en péril. Elle est inscription dans le réel, Etty Hillesum décrit les hommes au plus près, la Joie se passe d’incarnation pour épouser ce qui est. Elle ne relève ni de l’optimisme, ni du pessimisme, non tributaire du monde extérieur débarrassée de toute projection, attente, ce qui permet de regarder le monde avec plus d’attention. Camus dans « Vent à Djemila » décrit un détachement au « moi » et présence au monde, la Joie en instant de connaissance, non en concept, intersubjectivité mais en sensibilité dans un amour à soi et aux autres.

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