Ce qu’ont en commun la poésie, comme la spiritualité, comme les enfants c’est de voire les fissures de l’invisible, avoir le sentiment d’une présence, des choses autre que l’apparence. Le poète porte un autre regard sur le quotidien, c’est un marieur en associant le visible et l’invisible, en éveilleur qui nous fait regarder les évènements en profondeur. « Le tremblement du cerveau sur ma main qui écrit », « L’applaudissement de la pluie sur les volets », « L’éclaboussure d’or, crachat divin (genêts) » : ce sont des images ressenties, activité de réjouissance, jeu de l’esprit comme un jonglage, la poésie est le seul langage de l’absolu, là où il y a la musique il y a la poésie. On vole d’erreur en erreur jusqu’à la vérité finale, la souveraineté du vide, le mal absolu étant l’endormissement, le manque d’attention. La vie c’est juste du courage pour traverser les ténèbres, elle ne va pas sans espérances, Nietzche « Qu’aimes-tu chez les autres si ce ne sont tes espérances ». Alors que le poison des jours quotidiens c’est l’embarras de soi, la joie éternelle c’est de se sentir mortel…
Paroles de C Bobin, 40 livres dont le dernier titre « les ruines du ciel ».