qui écrit : « tous les hommes recherchent d’être heureux, cela est sans exception. Quelque différents moyens qu’ils y emploient, ils tendent tous à ce but, le bonheur. C’est le motif de toutes les actions de tous les hommes, jusqu’à ceux qui vont se pendre ». La touche finale « jusqu’à ceux qui vont se pendre », dans sa noirceur, dans sa beauté, dans sa profondeur, est très pascalienne, bien sûr, mais très vraie, aussi. Parce qu’au fond, celui qui va se pendre, celui qui se suicide, pourquoi se tue-t-il ? Pour ne plus souffrir. Or ne plus souffrir, quand on souffre atrocement, c’est encore se rapprocher du dernier bonheur, purement négatif, qui paraît alors possible, la cessation de la souffrance. Eh bien, si tout homme veut être heureux, y compris celui qui va se pendre, permettez-moi de penser, a fortiori, que tout homme veut être heureux, toute femme veut être heureuse.
André Comte Sponville toujours devant nos décideurs